Noc42

Construire une synergie naturelle entre la réussite du projet pédagogique de 42 et l’amélioration du cadre de vie du quartier Bessières.

Avec ses 44 % de logements HLM et un revenu moyen de 21 000 € annuels, le quartier Bessières est un lieu en retrait par rapport au reste du 17ème qui peine à trouver son dynamisme au quotidien, son euphorie. En dehors de ces situations critiques, le quartier peine à trouver sa place dans le territoire parisien. Confiné à l’intérieur d’une bande étriquée, délimitée, au nord par le Boulevard Bessières, et, au Sud par les vestiges de la petite ceinture, ce quartier n’a pas d’élément structurant auquel il pourrait se rattacher pour se forger une identité.

42 a décidé d’élire domicile à Paris il y a trois ans, au 96 bd Bessières dans le 17ème, dans le quartier Epinettes-Bessières, en face du site Bessières proposé par l’APUI (Appel à Projets Urbains Innovants). Ce choix était motivé à l’origine par la volonté de s’implanter à Paris dans un quartier dynamique, en pleine restructuration (opération d’aménagement du GPRU de la Porte Pouchet, futur prolongement de la ligne 14 et du Tram T3 jusqu’à la porte de Clichy) et dont le niveau de vie reste encore relativement faible en comparaison du reste de Paris. Malgré sa courte existence, elle s’est déjà forgé une certaine réputation à l’échelle nationale, attirant chaque année près de 30 000 candidatures étudiantes. Pourtant cette Ecole est encore jeune, et en cours de développement. Pour se consolider, 42 a besoin de s’ancrer localement dans le quartier de Bessières, pour des raisons à la fois pédagogiques, sociales, et humaines.

Après un an d’utilisation, un bilan a été mené à la fois sur les profils des étudiants, leur intégration dans l’univers de l’entreprise, les usages du bâtiment, les manques et les faiblesses du bâtiment actuel, et l’intégration de l’Ecole dans le quartier.

L’équipe du projet 42 a rencontré la régie de quartier afin de lui faire part de ses besoins et de les confronter à ceux du quartier, puis de construire ensemble un projet qui puisse répondre à des besoins et des désirs communs.

Les retours de la régie de quartier ont confirmé que le quartier de Bessières est globalement dans une situation plutôt précaire. Une minorité d’habitants vit dans une certaine précarité, tandis que la majorité du quartier a des ressources plutôt modestes. Sensible aux difficultés financières d’une partie de sa population, la régie de quartier suggère la mise en place d’une épicerie solidaire dans l’un des futurs bâtiments de 42 qui pourra bénéficier à la fois aux habitants du quartier et aux élèves de 42 qui entrent à l’école et n’ont pas encore d’autonomie financière.
La régie a également exposé la situation des différentes associations du quartier, qui rencontrent des difficultés pour trouver des lieux pour rassembler ses membres et organiser des manifestations. Elle nous fait part également d’un jardin pédagogique déjà existant dans le quartier, mais dans un lieu où la terre est polluée, ce qui exclue la possibilité de manger les récoltes.

Enfin il est ressorti des échanges qu’au-delà des questions sociales, le quartier manque surtout d’un lieu symbolique qui fasse rêver les habitants, un lieu ouvert sur la ville, qu’ils auraient plaisir à fréquenter et qui provoquerait des rencontres et des récits, et un désir de partage.

garden

La volonté de ne pas être un campus

Un Campus désigne un espace rassemblant les bâtiments et l’infrastructure d’une université ou d’une école. L’organisation d’un campus consiste généralement en un microcosme retranché de la ville répondant en interne à tous les besoins pédagogiques et parascolaires des étudiants. 42 souhaite s’intégrer dans la ville selon un modèle opposé à celui du campus, en créant la plus grande perméabilité possible entre l’Ecole et le quartier, et en encourageant les échanges entre ses étudiants et le reste des habitants.

42 souhaite s’ouvrir sur la ville et faciliter les échanges entre les habitants et les élèves, tout en faisant profiter économiquement le quartier de la présence de ces nouveaux habitants. Pour faciliter les échanges et la rencontre entre 42 et le quartier, et suite aux échanges avec la régie du quartier, le programme architectural des nouveaux bâtiments propose d’intégrer l’aménagement de différents lieux interfaces conçus pour être partagés par les étudiants de 42 et les habitants du quartier.

Réinventer le vivre ensemble à travers la construction d’une diversité d’espaces, des espaces collectifs partagés aux espaces intimes.

Jardins partagés sur le toit

Le projet NOC42 offre à la ville et au quartier l’intégralité de la surface des parcelles sur lesquelles les nouveaux bâtiments seront construits sous la forme de jardins partagés en toiture. Ces espaces seront accessibles aux horaires des parcs et jardins de la ville de Paris. Leur capacité d’accueil sera limitée à 19 personnes pour l’ensemble des terrasses d’un bâtiment, soit au total 38 personnes maximum sur l’ensemble des jardins partagés. Ils seront composés de 100 bacs de plantation présentant une surface d’1 m² de terre cultivable et de 10 agrès connectés du programme de remise en forme de Sébastien Chabal.

Les jardins partagés accueillent des jardins potagers destinés aux membres de l’association créée à cette attention « des jardiniers sur le toit » qui auront 50 bacs à leur disposition, un projet artistique qui interrogera le rapport entre urbanité et nature, un laboratoire pédagogique d’agriculture urbaine, destinés à la rencontre entre l’agriculture urbaine et le numérique, ainsi qu’un parcours de santé développé par Sébastien Chabal sur les 10 machines agrès connectés (ces parcours de santé ont la particularité d’être adaptés aux personnes âgées, qui représentent 15% de la population avoisinante).

Au-delà des aspects pratiques, ces espaces seront de véritables lieux d’émerveillement et de partage pour les habitants du quartier, qui y découvriront certains projets des étudiants, et pourront s’impliquer dans des projets « d’augmentation » du jardin, par exemple des parcours augmentés dans lesquels transparaîtra la vie du quartier.

Ce projet de jardin sur les toits s’intégrera parfaitement dans la continuité de la trame verte proposée par le GPRU de la Porte Pouchet, reliant transversalement au Bd Bessières le jardin public en cours de construction derrière le bâtiment existant de 42 et l’ancienne petite ceinture au bout de la rue du Docteur Brousse, permettant ainsi de recoudre la ville.
Ce geste à haute valeur symbolique ancrera le projet NOC.42 dans sa volonté de construire une porosité entre 42 et le reste du quartier, dans un désir de partage et de construction collaborative.

garden

42 : Une Ecole dont la pédagogie innovante se traduit par un engagement citoyen à l’échelle de la ville et du quartier.

Epicerie participative ouverte à tous

Troisième geste fort du projet en faveur du quartier, l’accueil d’une épicerie solidaire ouverte à tous dans le bâtiment de la rue du docteur Brousse bénéficiera à l’ensemble des populations du quartier. Fonctionnant sur le mode associatif, elle sera gérée par la régie de quartier et tenue par des personnes en contrat d’insertion et des bénévoles adhérents de l’association qui bénéficieront ainsi de tarifs avantageux sur les produits vendus. La régie de quartier louera l’espace à 42 pour exploiter le local associatif d’une surface de 105 m² et de donner ainsi accès aux habitants du quartier et aux étudiants de 42 à une alimentation et des produits de première nécessité de qualité à moindre coût. Le loyer négocié entre la régie de quartier et 42 sera de 450 euros par mois, très inférieur aux prix habituellement pratiqués dans le quartier. 42 développera également un logiciel de gestion de l’épicerie participative en partenariat avec la régie de quartier. Ce lieu agira comme l’une des interfaces physiques du projet, permettant la rencontre entre les étudiants de 42 et les habitants du quartier. En particulier, l’épicerie participative sera le lieu d’ateliers ou de projets conviviaux portés par les habitants.

epicerie

Espaces de convivialité partagés

Deux espaces du bâtiment de la rue Bessières seront partagés avec les associations et les habitants du quartier. L’espace du rez-de-chaussée d’une surface de 300 m² peut accueillir un grand nombre de manifestations comme des repas d’associations ou des conférences. Cet espace est entièrement reprogrammable grâce à l’utilisation d’un mobilier modulaire, les « boxels », spécialement conçu pour les espaces multi-activités. Cet espace est directement ouvert sur la ville, dans la continuité de l’espace public de la rue. Cet espace sera prêté à titre gracieux aux association du quartier pendant 21h par semaine sur les horaires de journée (8h-minuit).

Au sous-sol, une grande salle de 300 m² à la hauteur sous-plafond importante sera consacrée aux activités culturelles (spectacles, concerts) et bruyantes (fêtes nocturnes de 42 ou des associations du quartier) en partenariat avec un opérateur culturel citoyen qui gérera les activités de la salle.

L’accord en cours de négociation prévoit la répartition suivante des accès :
30% du planning annuel réservé pour 42, soit 60 dates environ planifiées à l’avance (de septembre à juin) auxquelles on peut ajouter juillet et août durant lesquels l’opérateur n’aurait pas d’activité dans ce lieu (soit 60 dates annuelles en tout).
Sur ce temps dédié à 42, 20% des dates, (soit environ 15 dates de septembre à juin, et 15 dates en juillet/août) seront prêtées à des associations du quartier à titre gracieux.

Les 70% restant seront gérés par l’opérateur culturel avec un objectif de politique sociale financée par la location pour de l’événementiel. Soit :
40% du planning dédié à l’accueil de spectacles, concerts, films, évènements culturels, ateliers de théâtre… avec une tarification spéciale pour les gens du quartier
30% du planning consacré à de l’événementiel d’entreprise, qui amène le financement nécessaire à la production et la diffusion de spectacles à prix d’entrée modique pour le public.

hall

Les programmes par le quartier

Plutôt que de chercher à répondre en interne à tous les besoins des étudiants, 42 préfère dynamiser l’économie locale en se diffusant vers les programmes existants dans le quartier.
Le projet Noc42 s’appuie notamment sur l’offre de commerces et services existants dans le quartier en matière de commerces de bouche et d’équipements sportifs.

La plateforme numérique Hub 42

Pour rendre possible toutes les ambitions du NOC42 il faut encore lui adjoindre son double numérique. Ce jumeau virtuel qui est à la fois un outil de visibilité de débat et d’organisation.
Comme pour le projet architectural tangible il est la stratification complexe des nécessités et des désirs et c’est dans sa capacité à produire des interférences entre les étudiants de 42 et le reste des habitants du quartier qu’il trouve toute sa valeur.

Sa destination la plus attendue et néanmoins la plus nécessaire est celle d’abriter le faisceau de toutes les applications qui permettent le fonctionnement du projet et d’établir les niveaux de porosité entre le quartier et le bâtiment.

Les applications nécessaires au fonctionnement de ces bâtiments intelligents sont regroupées au sein d’une unique plateforme numérique extension de l’intranet actuel de 42 baptisée hub42, accessible en permanence via des applications déclinées sur différents supports (smartphone, tablettes, ordinateurs, etc.) ou sur le site web hub.42.fr.

Extension du réseau social interne, elle permet de programmer toutes sortes d’événements dans les espaces partagés comme des rencontres de jeux ou de travail entre étudiants ou avec les résidents du quartier.

Grâce à hub42, les étudiants peuvent réserver leur lit dans les chambres dortoirs ou des rendez­-vous pour développer leurs projets dans le laboratoire d’agriculture urbaine ; Les riverains, gérer leur espace dans les jardins partagés, réserver une heure de sport sur les ateliers de Fitness ou poster une petite annonce concernant de l’aide en informatique ; les associations, gérer l’agenda de leur réservation de l’espace mutable partagé au rdc ou de la salle de spectacle au r­-1 du bâtiment Bessières ; l’épicerie participative, échanger avec ses adhérents et bénévoles…